Ces leurres et autres nourritures
88 pages — 12 × 17 cm
quadrichromie — couverture
cartonnée — hors collection
Co-édition avec Le Signe noir
des éditions Rackham
Paz Boïra, sur Ces leurres et autres nourritures
Comment et pourquoi est né le projet ?
Au commencement il y à l’intention de réaliser un récit pornographique. Je l’aurais proposée à Latino Imparato pour sa collection L’Œil du serpent. Il y à aussi un début de collaboration avec Emmanuel Hyéronimus comme scénariste qui a très vite échoué laissant comme bois flotés quelques plis dans le tissu, une repasseuse, et le rouge.
Il y a aussi un séjour de trois semaines au monastère de Conques ou j’ai laissé tomber l’idée de récit pornographique pour lui donner un sens plus ample. Il faut croire que les moines ne m’ont pas inspiré la moindre sensualité.
Kand et pourkoi a-t-il pris cette forme ?
Dans un élan de dévouement et de sacrifice pour l’être aimé, je me suis retrouvée à rester dans un camping-car pendant deux mois en pleine Lorraine post-industrielle. Cet habitacle s’est transformé en atelier sur roues. A partir de ce pli s’est dévoilé un secret, les autres ont suivi.
L’idée du départ était de faire un livre entièrement rouge. Après de longues discussions avec mon interlocuteur préféré F.C., j’ai décidé d’utiliser trois monochromes rouge, vert et bleu, ce qui permettait une plus grande vibration émotionnelle et symbolique.
Kel est son centre ?
Au centre il y à la question de la polysémie de l’image et du caractère versatile et changeant de l’individu que je suis dans ce monde. Le mot tromperie, "leurre" est venu à moi et a fini par s’imposer. Il a fait sens progressivement. Jamais un titre ne m’est apparu aussi rapidement.
Il y a donc la question de l’identité de l’image. Quelles sont ses limites, quel est son degré de suggestion, quelles autres images peuvent surgir d’une association…
Il s’agit surtout de tirer profit de son intuition, cette intuition qui nous procure une forme de compréhension émotive des choses.
Je choisis des images qui interpellent et qui n’ont pas qu’un seul degré de lecture mais, au contraire, qui ne définissent aucun rebord, aucun contour. Ainsi, le récit devient propriété publique dans lequel chaque lecteur peut investir son bagage imaginaire.
J’ai l’intention de produire des récits où la multiplicité de couches de lecture s’agrémente et se superpose à chaque lecture. Ce récit est donc orga-niquement orga-nisé.
Le symbole permet de choisir une perspective qui n’exclue pas les complémentaires. Si l’on se permet d’estomper les frontières du sens des images, on arrive a concilier ce qui est différent, et même ce qui est apparemment contradictoire. J’ai trouvé dans ce titre une ouverture, une tromperie montrant l’endroit et le revers d’une idée.
Dans ce mouvement d’alternance où les sens se mettent en branle, la suggestion devient espace à habiter et nourriture spirituelle. Malheureusement, je ne m’appelle pas André Gide et les « nourritures terrestres » ne m’appartiennent pas.
Kelles sont ses limites ?
Les limites de ma jeunesse
K’en dites-vous ?
Je ne sais pas écrire
Selon vous, k’en dira-t-on ?
C’est qui cette mystique de pacotille ?
Si votre projet était un fruit ?
Une carambole. L’aspect géométrique de ce fruit et ses multiples facettes se prêtent très bien à l’alchimie de ce livre. C’est presque la même forme que le proto-atome de la couverture.
Si votre projet était une fleur ?
Une fleur à mille pétales.
Si votre projet était une maladie ?
Introspection convulsive.
Où en êtes-vous ?
Je suis entrain de travailler sur mon prochain livre, Les animaux de distance. Après ce missel, je m’applique a raconter la vie et miracles d’une religieuse qui désire dévorer et atteindre l’animalité, qui dans ce cas, incarne l’autre, l’au-delà, l’inconnu.