Œuvre de jeunesse du pape du FRMK, Le Dieu du 12, chef d’œuvre épuisé depuis plus d’une vingtaine d’années, est enfin réédité par le FRMK.
Les originaux (parmi d’autres), disparurent, brûlés dans l’incendie qui ravagea l’atelier du maître. Mais, avec patience, un lent et important effort de recherche et de restauration, voici que renaît de ses cendres, tel le Phénix, ce livre essentiel, jamais paru tel que son auteur l’avait imaginé. Ce livre est une œuvre entièrement à part, à part dans le domaine de la Bande Dessinée, et au sein même du travail d’Alex Barbier. Un récit halluciné, un foisonnement visuel composant un univers de Science-Fiction que l’on pourrait de bonne foi attribuer à Philip K. Dick, si celui-ci s’était un jour emparé de pinceaux pour donner forme à ses visions.
Une BD de genre en somme, mais bien plus largement, comme quand le Genre, trop rarement, se réalise en refuge de la pensée dissidente, en l’expression parfaite du malaise, de la solitude et de la démence moderne. Nous y croisons entre autres un Dieu, dont les pensées se matérialisent dans la réalité hors de tout contrôle et qui, retranché à Perpignan, dernière zone libre hors de l’influence des Couics, évolue dans un monde que les machines ont reconstruit en se basant sur la lecture… des Garçons sauvages, de William S Burroughs… oubliant d’ailleurs d’y intégrer des femmes.