184 pages — 13,3 x 19,2 cm
impression quadrichromie
53 illustrations couleur
couverture souple - marquage à chaud
ISBN 9782390220589L'Art Brut ressourcé
L’Art Brut connaît un engouement sans précédent, que ce soit auprès du public, du marché de l’art ou des musées – preuve en est la très belle exposition « Dans l’intimité d’une collection. Donation Bruno Decharme » qui lui est consacrée au Grand Palais depuis le 20 juin dernier.
Cependant, force est de constater, comme le souligne Michel Thévoz, que « l’époque héroïque de l’Art Brut et ses zones d’élection, psychiatriques, carcérales et spirites, sont aujourd’hui révolues ». Dès lors, où se trouvent les « nouvelles sources » d’où découle aujourd’hui l’Art Brut ? C’est à cette question que s’attache Michel Thévoz, dressant un état des lieux qui le conduit nécessairement à questionner la définition même d’Art Brut à l’heure actuelle.
Présent aux côtés de Dubuffet dès l’émergence de l’Art Brut, Michel Thévoz est incontestablement le mieux placé pour en analyser l’évolution au fil du temps. Il met ainsi en évidence le passage d’une relation artistique syncopée entre psychiatre et patient à celle, continue et en synergie, que l’on trouve de nos jours dans les ateliers participatifs, très éloignés de l’art thérapie.
Analysant les productions artistiques de certains artistes bruts majeurs du XXIe siècle, tels que Dwight Mackintosh, Markus Buchser, Irène Gérard, Rudolf Horacek, Gene Merritt, Curzio di Giovanni ou encore Joseph Lambert, Michel Thévoz souligne certains thèmes récurrents dans les oeuvres de ces artistes handicapés – le visage, le rapport à l’écriture – et nous montre comment ces oeuvres, en proposant des visions différentes de notre monde logocentré et orthogonalisé, font ressortir nos propres conditionnements mentaux.
Des ateliers participatifs aux ZAD, des anarchitectures aux graffs, Michel Thévoz explore ainsi les productions d’Art Brut d’un nouveau genre : plus collectif, interactif aussi. Ces oeuvres accordent surtout une place plus centrale au regardeur, dont la réception et l’interprétation font partie intégrante du processus artistique – on est bien loin, ici, de la notion d’« Art » avec son intimidante majuscule, puisque toute oeuvre demeure ouverte à celui qui accepte de la regarder, et, ce faisant, de questionner sa propre normalité. Et, finalement, n’est-ce pas cela, le propre de l’Art Brut ?