Les nouvelles aventures de l’incroyable Orphée (Le retour de Deleuze)
Martin tom Dieck (dessin) & Jens Balzer (texte)
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Deleuze est de retour. Deleuze et sa bande qu’il a enfin rejoint dans l’au-delà. Avec ses amis structuralistes, Deleuze construit une machine. Bien des aventures l’attendent. De nouvelles rencontres : Buster Keaton, Orphée et Eurydice !
Donc, Deleuze est de retour. Car, en effet, les récits deleuziens ne peuvent être que des récits du multiple. Avec ses amis structuralistes, Deleuze construit une machine. Cet épisode constitue le premier mouvement de la narration. Ensuite, Deleuze quitte ses amis, il les retrouvera forcément puisque tout revient dans le récit. Viennent s'ajouter trois nouveaux personnages : Buster Keaton, Orphée et Eurydice. Dans sa dérive en compagnie de Keaton, il rencontre Orphée. Orphée parle le grec et tente de le prévenir d'un danger. Des amazones attaquent le bateau. Après cet épisode épique, Deleuze et Keaton reviennent en emmenant Orphée. Ainsi le personnage mythologique peut-il retrouver son eurydice. Ce pourrait être un happy end, mais le récit redémarre de plus belle et nos amis Keaton, Deleuze, Orphée et eurydice s'en vont voguer vers quelque Odyssée de l'au-delà quand surgissent à nouveau les terribles amazones. Re-combat et re-happy end. Eurydice se rend enfin chez Charon qu'elle trouve occupé à lire le livre des Nouvelles aventures d'Orphée. La lumière vascille. Fin du récit avant que tout ne recommence.re.
Les nouvelles aventures de l’incroyable Orphée est le deuxième volet d’une création de Jens Balzer et Martin tom Dieck. Ce deuxième tome des aventures deleuziennes a été créé initialement pour paraître en feuilleton dans la Frankfurter Algemeine Zeitung.
Les auteurs ont ensuite assemblé les pages parues pour en faire un livre. Le passage du quotidien au livre a nécessité un travail de production singulier car, à l’instar des bandes hergéennes parues dans les journaux, les bandes de tom Dieck étaient présentées dans un format qui ne s’accordent pas facilement aux canons de l’album. Dans le quotidien, Les nouvelles aventures de l’incroyable Orphée étaient présentées en une seule bande verticale. Pour la publication en livre, les bandes verticales ont été redistribuées en bandes horizontales. Pour qui n’ignore pas l’importance extrême de la disposition des cases sur le support, semblable opération revient quasiment à produire une nouvelle narration qui n’aurait que peu à voir avec la narration parue dans le quotidien. Il est donc possible d’affirmer que la publication de ce second album deleuzien est, en dépit de sa publication dans le quotidien allemand, totalement originale et absolument inédite.
Le personnage de Gilles Deleuze sert à nouveau de prétexte au développement délirant d’un récit en bande dessinée. Le récit est, cela va de soit, fort marqué par la contrainte de la publication en feuilleton. Ainsi, le récit est plus nerveux, les actions plus spectaculaires et plus ramassées. Il faut tenir en haleine le lecteur du journal. D’où une accumulation de gags, des tribulations épiques : attaques par des amazones, crises et délires du personnage de Foucault, histoire d’amour. Tous les ingrédients du feuilleton sont utilisés sans aucun complexe. Le titre lui-même souligne la dramatisation volontaire de la narration. Il s’agit des aventures d’un personnage incroyable. Parallèlement à cette " vulgarisation " du récit, les auteurs, profitant de l’accroche du premier degré, laissent libre cour à leur plaisir d’expérimenter et de philosopher.
Il s’agit au fond d’inventer une machine délirante faite de bric et de broc, d’un chien et d’un chat. Par rapport au premier tome sur Deleuze, le second est moins strictement lié à la répétition. Pour mieux dire, des thèmes sont venus s’ajouter et amplifier les résonances de l’œuvre. Le recours au feuilleton n’est pas pour rien dans l’amplification thémati
que. Le propre du feuilleton n’est-il pas de répéter tout en renouvelant pour maintenir l’attention ?
Du même auteur aux éditions FRMK
Vortex — 2006
Salut Deleuze — 2001