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88 pages - 28,5 x 30 cm

impression noir et blanc

couverture cartonnée

collection Amphigouri

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ISBN 9782390220381
28 €

L'Almageste

L’Apocalypse eut finalement lieu en mai 2023, gravée dans le métal par Frédéric Coché. Mais peut-être pas celle que l’on attendait... Voici venu le temps des rires et des chants, des anges musiciens et des zombies gentils... L’Almageste est sans conteste le plus beau et le plus simple des livres de Frédéric Coché, le plus apocalyptique, mais aussi le plus doux...

Les amateurs de films de genre le savent bien, les zombies ne sont pas seulement une altérité menaçante, ils sont aussi une part de nous-même. Coché prend une figure contemporaine héritière des récits de l’Apocalypse et retourne tout : les zombies deviennent notre part lumineuse et hilare, prête à s’éveiller à un monde reconfiguré et harmonieux. La colonisation du vivant n’est plus qu’un lointain souvenir, même si des figures antiques ou médiévales, réminiscences de nos rêves de grandeur et de gloire, se rappellent au temps présent.

L’humanité renaît avec de nouvelles envies, sans l’esprit de conquête qui l’anima durant des siècles. Des cadavres ambulants, curieux et rieurs, parcourent une nature reprenant ses droits, visitent l’histoire des arts et des civilisations. Soldats de la Grande Guerre, colons espagnols ou chevaliers d’heroic fantasy, après d’absurdes morts ou de non moins absurdes triomphes, rejoignent une longue cohorte de cadavres... qui devient sarabande ivre de joie, menée par des anges musiciens.

L’Apocalypse de Coché est apaisée, elle est une déambulation dans une nouvelle ère, un ensemble de ruines recouvert d’une épaisse mousse sur laquelle la meilleure chose qu’il reste à faire est de danser. Alors, dansons ! Dansez, messieurs ! Car il est aussi question des hommes, de leurs guerres, de leurs joutes et de leurs récits virils, qui apparaissent dans toute leur vanité, puérile. Un démiurge pleure et les pardonne : les zombies après leur mort n’ont plus de sexe, plus de jésus ni de madone !

Le fil narratif principal suit ces joyeux zombies d’un genre nouveau, silencieusement, et les estampes latérales ajoutent des clins d’oeils ou des fils narratifs parallèles, autour de mythes et d’histoires anciennes de la fin du monde. Associations d’idées et d’images prennent des directions multiples : des tapisseries de L’Apocalypse au Triomphe de la mort de Brueghel l’Ancien, de l’infiniment grand… à l’infiniment petit, lorsque l’on suit le vol d’un insecte. Le lecteur tissera à son tour des connexions entre les éléments mis en regard, dont le sens dépendra de sa propre histoire, de sa connaissance du passé et du futur.

Dans la littérature antique et médiévale, une almageste était une somme des connaissances scientifiques et alchimiques de son époque. Celle de Coché fait la somme des croyances et des histoires sur la fin du monde, de ce qui fit rêver, de ce qui fit peur, de ce pourquoi on mourut, et de ce qui est à réinventer.

Voici venu le temps de reconstruire des imaginaires plus heureux, ce à quoi s’est attaqué notre graveur de génie. De l’idée d’une destruction inéluctable et expiatrice de tout ce que nous connaissons, des récits médiévaux de l’Apocalypse, des histoires de zombies et de ses propres interrogations sur la viabilité du monde que les hommes ont construit, Frédéric Coché ne fait qu’un dans L’Almageste, fresque silencieuse en eaux-fortes, lyrique et contemplative.