L’inspecteur Modo Quid est entouré d’un poisson lobotomisé, une espèce de Watson dégénéré, et de deux poules (para)psychologues passées maîtresses dans l’art de la télé-transportation. Un désespoir terrible habite l’inspecteur : il s’ennuie. Il va falloir vite se lancer dans une enquête trépidante !
Long passe à la moulinette les romans de gare ou les films d’action. Pour quoi faire ? Passer le temps sans doute. Mais bien plus encore. Modo Quid invite à l’optimisme. Quand il ne restera plus sur terre que déchets d’amour et restes de repas, on pourra toujours s’amu
ser et tromper même la mort.
Dans le domaine de l’humour, et plus singulièrement de l’humour absurde, Jean-Christophe Long a réussi incontestablement à inventer un personnage unique et un univers extrêmement particulier. Un désespoir terrible habite l’inspecteur Modo Quid, ce qui donne un côté expressionniste au livre. Modo quid est également un personnage sentimental qui comme les grands sensibles a facilement la larme à l’œil. Long s’amuse en effet à pasticher les romans à l’eau de rose, le photo-roman de gare. Le genre du polar ne devrait pas se relever d’un ensemble si acide. Car pour ce qui est de la couleur, le dessinateur a mis le paquet : du rose, des ocres, du bleu. Le récit se module en alternant la couleur et le noir et blanc ainsi que deux techniques de gravure : la linogravure et le bois gravé (bois de fil). Au-delà de l’apparent delirium narratif, on soulignera combien le graveur /dessinateur maîtrise son art de la taille. Les noirs et blancs sont on ne peut plus sobres et efficaces. Ce qui fait que cet album est non seulement drôle et sombre mais tout simplement beau.