Au fil de courts chapitres auréolés d’étrangeté, Zoé Jusseret évoque la difficulté à se sentir femme par le biais d’images aussi brutales que touchantes.
Qui mange des couteaux marie la violence et la beauté par la grâce d’un imaginaire subtil.
Le récit met en scène des jeunes femmes dans des circonstances banales : au travail, à une fête, au lit, ou en compagnie d’une amie. Mais toutes ont en commun de ne plus s’appartenir, de voir leurs désirs leur échapper. Pour figurer l’angoisse, Zoé Jusseret fait basculer ces situations familières dans une inquiétante étrangeté. L’une, incapable d’assumer l’attirance qu’elle suscite, se métamorphose en escargot baveux, tandis que l’autre offre ses seins à des cochons. Le corps devient le symbole de tous les maux de l’esprit, conduisant les protagonistes à s’en séparer par morceau. Autour d’elles, la Mort rôde et collecte ces reliques.
Qui mange des couteaux pourrait se lire comme un conte moderne, où chaque désir refoulé s’incarne en un cauchemar symbolique. Zoé Jusseret offre une vision intense et sensible de questionnements aussi vastes que l’humanité, magnifiés par la simplicité et la profondeur de son dessin.
Ce travail a été réalisé en monotype, qui est une forme d’estampe. Le dessin est tracé sur une feuille de papier appliquée elle-même sur une feuille de rodhoïde enduite de peinture, la ligne s'imprime sur le papier.