Gars et Gus, personnages de BD
64 pages — 18 x 27 cm
impression quadri
couverture cartonné
ISBN 9782390220213
Stefan Van Dinther sur Gars et Gus, personnages de BD
Septembre 2020
Lilian Philippe : Comment les personnages de Gars et Gus vous sont-ils venus à l’esprit ?
Stefan Van Dinther : Gars et Gus sont d’abord apparus dans mon livre CHRZ. J’ai fait l’ensemble de ce livre de façon très intuitive, en partant d'un rêve. Après l’avoir fini, j’ai continué à travailler sur plusieurs autres bandes dessinées, je voulais travailler de façon moins intuitive, penser plus à ce que j’essayais de dire. J’ai été bloqué sur une bande dessinée pour laquelle j’avais un concept intéressant, mais qui était trop dure pour moi à réaliser. Ensuite j’ai ressenti une envie soudaine de dessiner à nouveau ces deux gars. Donc je suis retourné vers eux, sans que ce soit prévu. Ce n’est que de l’intuition, je crois que je travaille mieux à l’intuition.
Une grande partie de leurs histoires avait déjà paru dans le magazine Zone 5300, mais j’ai retravaillé beaucoup de choses. J’ai rajouté des transitions entre les histoires, j’en ai modifié beaucoup pour obtenir un livre cohérent avec l’ensemble des histoires de Gars et Gus.
LP : Est-ce qu’ils représentent quelque chose pour vous ?
SVD : Pour moi, il s’agit surtout de découvrir qui sont ces deux gars, c’est ce qui m’intéresse. CHRZ était un livre très formel, j’essayais de trouver comment raconter des choses à travers le médium bande dessinée. Les personnages n’étaient pas très importants, ils n’étaient là que pour me permettre ces expérimentations formelles. Ensuite je me suis demandé qui étaient ces deux gars, ce qu’ils représentaient. Qui sont ces personnages, quelle est leur personnalité ? C’est un peu ce que j’essaye de découvrir dans chaque bande, et ils me le disent, plus ou moins. Parfois j’essaye de leur faire faire des choses, mais ils n’en ont pas envie, alors ils ne le font pas ! Dans ce cas je me dis que mon idée ne correspond pas à leur façon d’agir, que je dois trouver autre chose. Je peux bien sûr aussi les utiliser de manière plus formelle, quand je le souhaite.
Parfois j’aime bien simplement jouer avec les images. Beaucoup de choses dans Gars & Gus viennent de ce que j’avais envie de faire le jour même. Je cherche qui sont ces deux personnages, et je les utilise aussi comme des pantins, avec lesquels je peux faire des expérimentations formelles ou poétiques, comme dans CHRZ. Je commence par intuition, puis en dessinant je réfléchis à ce pourquoi je le fais, et comment je peux le faire. D’un côté c’est très intuitif, mais d’un autre côté je passe beaucoup de temps sur ces bandes, je ne travaille pas vite.
LP : Dans Gars & Gus, vous semblez vous être donné comme défi de créer des effets comiques de la façon la plus efficace, ou économe, possible… Par exemple avec les gags en quatre cases, et un dessin qui tient en peu de traits…
SVD :Oui je crois que j’aime faire aussi simplement que possible en ce qui concerne le dessin, et aussi pour la narration. Utiliser quatre cases est agréable, pour avoir une structure qui m’oblige à trouver des solutions concises. Ce format m’a servi d’appui, de point de départ. Cela me rappelle le fait d’écrire des haïkus en respectant le rythme 5-7-5. Il est très agréable de jouer avec une structure comme celle-là, de l’explorer.
En ce qui concerne le dessin, je suis parti de ces personnages. Je les reprends de CHRZ où ils n’ont pas beaucoup de style. Ils n’ont pas de bouches, pas d’oreilles, pas d’yeux, et n’ont de nez que si on les voit de profil. C’est un peu étrange, voire pas très malin, de partir de ça pour faire de la bande dessinée humoristique. Si vous prenez par exemple Astérix, ce sont le plus souvent les expressions faciales qui rendent les images si drôles. Gars et Gus n’ont pas d’expressions faciales, j’ai donc dû trouver d’autres solutions. J’ai dû travailler plutôt sur le langage corporel, qui se rapproche de Buster Keaton ou des films muets, références dans lesquelles je me suis replongé. Cette contrainte n’était pas toujours pratique, elle m’a forcé à trouver des solutions, ce qui est une bonne chose.
LP : Gars & Gus semble être un hommage au burlesque et aux films muets. En quoi est-ce pertinent, selon vous, d’y faire référence aujourd’hui ? Est-ce que Gars et Gus ont un lien de parenté avec Laurel & Hardy ?
SVD : Il y a une grande inventivité dans les films de Buster Keaton et de Chaplin. Laurel & Hardy, je ne connais pas très bien. Cela correspond à une courte période dans l’histoire du cinéma, durant laquelle les réalisateurs pouvaient essayer beaucoup de choses. Je n’en suis pas sûr, mais je ne crois pas qu’ils utilisaient de storyboards. Tout a changé avec l’arrivée du son et de la couleur.
Je pense qu’il y a un lien avec le travail d’auteur de bande dessinée, pour lequel on peut toujours travailler de cette manière : en expérimentant la façon de raconter une histoire visuelle, en voyant ce qui marche et en s’adaptant. Tout n’a pas besoin d’être prévu, les personnes qui font ce travail peuvent être souples.
LP : Et les bandes dessinées de la même époque, comme Krazy Kat, Nancy ou Peanuts, sont-elles des références importantes pour vous ?
SVD : Krazy Kat est génial, mais parfois un peu dur à lire pour moi, c’est peut-être dû à l’argot. Je pense qu’Herriman est véritablement un grand artiste. J’aime aussi beaucoup Baron Bean. Mais pour ce qui est de l’humour, je préfère Popeye, de Segar. Un ami m’a donné un exemplaire des compilations Popeye de Fantagraphics, je ne pensais pas que j’aimerais autant, c’est fantastique. Ce livre m’a sans doute donné envie de raconter des histoires par bandes, et moins par pages. Quand mes enfants étaient jeunes, je leur lisais Popeye à voix haute, ils adoraient. C’est incroyable qu’une œuvre qui a près de cent ans soit toujours drôle et inspirante. J’aime aussi la manière qu’a Bushmiller de construire les bandes de Nancy et la façon dont Schulz construit ses personnages. Smithsonian Collection of Newspaper Comics est probablement mon livre favori, à chaque fois que je le lis j’y découvre quelque chose que je n’avais pas encore remarqué.
LP : Quelles techniques avez-vous utilisées dans Gars & Gus ?
SVD : La plupart du temps, je commence par dessiner Gars et Gus directement, je ne crayonne pas. Je les dessine de nombreuses fois jusqu’à trouver la bonne expression puis je les colle dans les cases, je les mets dans la position que je souhaite, je fais beaucoup de découpages et de collages. Puis je les scanne et j’obtiens une bande plus propre, que j’imprime pour l’incorporer à un paysage que je dessine. Je dessine, coupe et colle à la main, puis sur ordinateur je fais à nouveau du collage, parfois je réajuste la taille, et enfin les couleurs, en me basant sur le dessin.
LP : Vous avez utilisé principalement du noir et du blanc, du gris, et pour les couleurs seulement du bleu et du rouge. Comment avez-vous choisi d’utiliser ces couleurs-là ?
SVD : Les couleurs sont très difficiles à utiliser pour moi. Pour l’introduction avec le lièvre, j’ai essayé beaucoup de couleurs différentes. J’utilise aussi des crayons pour les couleurs, et beaucoup d’autres choses. Quand j’utilise des couleurs plutôt simples comme celles-là, elles me paraissent être les bonnes. En faisant ce livre, j’ai aimé l’idée de me passer de certaines couleurs, d’utiliser toujours les mêmes, cela donne au livre une continuité. C’était aussi plus simple à faire pour moi, la couleur me rend fou parfois. Lorsque je vois des livres pleins de couleurs, je me dis souvent qu’ils sont très beaux, que je ne vois pas comment je pourrais mettre autant de couleurs dans mes dessins. Quand j’essaye de choisir, je n’arrive jamais vraiment à décider laquelle me paraît la plus appropriée. J’aime quand la couleur que je dois utiliser me paraît évidente tout de suite.
LP : Comment votre technique a-t-elle évolué entre CHRZ et Gars & Gus ?
SVD : Pour CHRZ, j’ai ajouté les couleurs sur les planches originales, elles sont presque complètes. Je les ai scannées, il me restait à séparer les couleurs sur le scan, mais les pages sont très proches des originaux. Aujourd’hui, il m’arrive de faire une bande à partir de différents éléments épars. Les personnages sont sur une feuille, et j’ajoute différents fonds, je vois quel fond sera en noir, lequel en bleu. Donc les pages qui en résultent sont moins des planches que des assemblages de dessins.
LP : Le livre raconte-t-il une histoire ? L’introduction semble le suggérer, comme certaines transitions.
SVD : Les premières pages, et les dernières, viennent de planches que j’avais dessinées pour une exposition, « Tables & Festins », à Grenoble. Le passage où Gars & Gus observent un morceau de sucre faisait partie de ces planches, l’histoire s’intitulait « Sugar cube geometry ». Et le passage dans lequel ils reçoivent une lettre et marchent dans des paysages était une partie d’une histoire plus longue, que j’ai abandonnée. Cette histoire comportait d’autres épisodes, que je n’ai pas utilisés. J’ai retravaillé les premières pages pour m’en servir d’introduction au livre, en ajoutant une fin différente où le lièvre leur demande d’agir comme de vrais personnages de bande dessinée.
Ce n'est donc pas une seule histoire, mais j’ai fait en sorte de rendre l’ensemble harmonieux, de lui donner du sens. C’est par exemple pour ça que j’ai donné un rôle plus important au lièvre. J’ai essayé de coller ces morceaux ensemble, on peut le dire comme ça.
LP : N’essayez-vous pas également dans ce livre de comprendre comment fonctionne l’humour en bande dessinée ?
SVD : Oui, peut-être… Une des réflexions qui m’a influencé vient du fait que j’enseigne la bande dessinée dans une école d’art à Utrecht. Une des choses positives dans l’enseignement est que je rencontre beaucoup de gens qui ont des opinions variées, qui essayent différentes choses, ce qui m’oblige à réfléchir à toutes ces façons de penser, pour essayer de les aider. Je me pose beaucoup de questions que je ne me serais pas posées sinon, en travaillant sur mes bandes dessinées. Je dois par exemple me demander si la structure narrative en trois actes est importante ou non, s’il faut l’utiliser. J’ai dû réfléchir à beaucoup de choses de ce genre, alors je me suis dit que Gars et Gus devaient aussi faire face à ces questions. Je voulais qu’ils essayent toutes ces idées. La réflexion porte encore sur la bande dessinée, comme dans CHRZ, mais de façon un peu plus large.
LP : Comment survient l’effet comique dans un gag selon vous ? Est-ce un accident ou le résultat d’une recherche ? Pourquoi faites-vous par exemple souvent échouer Gars et Gus à ce qu’ils entreprennent ?
SVD : Ils n’échouent pas toujours ! Ils essayent de faire des choses, et c’est dans le fait de continuer à essayer que réside leur succès. Je crois qu’essayer est plus important que de réussir.
Je ne planifie pas le contenu du livre. Un jour j’ai envie d’essayer quelque chose, le lendemain je veux tenter autre chose. Je fais beaucoup d’expériences différentes, ça a aussi à voir avec le fait d’essayer et d’échouer. Jusqu’au moment où j’essaye d’assembler les éléments pour en faire un livre. À ce moment-là j’espère qu’il sera cohérent, puisqu’il a été fait par une même personne, autour des mêmes personnages.
LP : Vous faites référence aux Flandres dans les années 1950, où les personnages retournent pour « retrouver leurs fondamentaux ». Cette période vous a inspiré ?
SVD : Oui. Chacun a ses origines, pour moi c’est la lecture de Bob & Bobette, quand j’étais enfant. Ma grand-mère vient de Belgique, elle était très importante pour moi. Elle avait cet accent belge que j’aimais beaucoup. Parfois, je rapportais des bandes dessinées de Belgique, comme Bob & Bobette, ou d’autres. C’est avec ces références que j’ai découvert la bande dessinée. Ensuite j’ai commencé à lire d’autres choses, j’ai donné mes Bob & Bobette à un gamin du quartier. Je les ai à peu près oubliés, jusqu’à ce que j’en rachète un vieux quand j’avais environ trente ans. C’était un numéro que j’avais beaucoup aimé, « Les Pêcheurs d’étoiles », où Bob et Bobette vont à Paris. Quand je le relis, je réalise que je connais toutes les images par cœur. Il est impressionnant de voir comme les choses qu’on lit étant enfant peuvent nous marquer profondément. Je me suis dit que je devais aussi repasser par quelques-unes des choses que je lisais petit. Il faut essayer d’évoluer en permanence, mais il est aussi nécessaire de regarder derrière soi, et de voir ainsi en quoi on a évolué.
LP : Vous faites aussi plusieurs références à des gags classiques, la peau de banane, les échelles, une tarte à la crème… Les topoï et les motifs récurrents de la bande dessinée comique ont été une source d’inspiration ?
SVD : Je ne sais pas s'il est nécessaire de se réinventer mais personnellement j’aime le faire, pour garder de la fraîcheur dans mon travail. Quand on fait un travail de recherche, et je crois que c’est le cas du mien, il faut toujours essayer de nouvelles choses. Mais quand on fait de l’humour, les clichés sont une bonne matière à travailler, car les lecteurs les reconnaissent immédiatement, ils comprennent la référence. En dessinant Gars & Gus, j’ai essayé de voir comment utiliser ces références, mais ce n’est pas l’aspect le plus important du livre.
LP : Dans la dernière scène, Gars et Gus se retrouvent en plein western, dans une ville-fantôme. Comment cette scène vous est-elle venue ?
SVD : Elle vient d’une expérience que je faisais. J’aimais les vieilles bandes dessinées italiennes, celles avec deux images par page. J’en ai acheté beaucoup car elles me fascinaient. Je n’aime pas particulièrement leurs histoires mais l’atmosphère m’a paru intéressante. Je me suis demandé comment je pouvais les réarranger pour créer une histoire, en changeant l’ordre des images, ou en déplaçant les textes d’une case à l’autre. Avec cette bande dessinée, un western, j’ai effacé tous les personnages, tous les cow-boys, et c’est devenu cette ville-fantôme. Ensuite j’ai essayé de déplacer les textes pour raconter une nouvelle histoire, mais je n’aimais pas vraiment le résultat. Je me suis donc dit que je pouvais simplement garder cette ville déserte et laisser mes deux bonshommes s’y promener. C’est encore une histoire pour laquelle je suis passé d’une idée à une autre, pour aboutir à un résultat imprévu.
LP : Cela fait longtemps que vous faites de la bande dessinée, mais depuis combien de temps faites-vous des bandes dessinées humoristiques ?
SVD : Je n’ai pas toujours fait de la bande dessinée, en cela je suis un peu différent de bien d’autres auteurs. Je crois que j’ai commencé à dessiner vers l’âge de vingt ans. Enfant, je ne dessinais pas, je lisais des livres. J’étais tout le temps en train de lire de la bande dessinée, mais je ne pensais pas qu’il était possible d’en dessiner, ça m’aurait paru très étrange. Quand j’étais enfant je lisais surtout Astérix, j’ai beaucoup lu les périodiques Spirou, principalement de la bande dessinée humoristique. Je me suis mis à dessiner de la bande dessinée très tard. À ce moment-là je lisais de la bande dessinée plus sérieuse, comme Dave McKean, Frank Miller, Alan Moore, mais aussi des auteurs européens comme Moebius, Mattotti, Andreas, Cosey et beaucoup d’autres gens.
Ensuite j’ai fait une école d’art, l’humour était pour moi un aspect moins important, je voulais sans doute faire des choses plus intéressantes. Ce livre est un moyen de revenir à mes fondamentaux de jeunesse. Et je crois qu’il est plus drôle que CHRZ. Je ne sais pas si j’essayerai à nouveau la bande dessinée humoristique, probablement. J’apprécie l’humour en général, les spectacles comiques, donc j’imagine que cette tendance restera dans mon travail.
LP : Vous avez étudié l’informatique et l’animation avant les beaux-arts, en quoi ces connaissances ont-elles influencé votre façon de dessiner et de construire des histoires ?
SVD : J’ai commencé par étudier l’informatique, la programmation. Je pense que ça se voit dans CHRZ. La programmation amène à penser par étapes successives, pour apprendre à l’ordinateur chaque petit pas qu’il devra faire. C’est un peu ce que je fais dans CHRZ : chaque moment représenté est en quelque sorte expliqué. Je ne me suis pas concentré sur l’explication des motivations des personnages, mais sur l’explication des mouvements, en les ralentissant. Plus tard, je me suis rendu compte que ce ralentissement compliquait la lecture, car il faut lire chaque petite étape.
Dans une histoire plus classique, il est possible de dire les choses de façon plus rapide, surtout en bande dessinée avec l’association texte-image. Chaque case peut amener une nouvelle idée, un nouvel élément d’une chaîne de réactions. Il y avait donc en effet une façon de penser la narration liée à la programmation dans CHRZ, qui se retrouve moins dans Gars & Gus.
LP : Dans une interview pour CHRZ, vous citiez le programmeur Karl Sims comme référence…
SVD : Son travail m’a longtemps fasciné. C’est un programmeur qui est parvenu à établir son propre système capable de créer la vie, ce qui me paraissait une idée très intéressante. Je crois que c’est aussi ce que j’ai essayé de faire dans CHRZ, de trouver une idée directrice et de voir si elle peut prendre vie. C’est une influence moins importante pour moi maintenant, je regarde plutôt du côté des auteurs de bande dessinée et des illustrateurs, comme William Steig, Quentin Blake ou Sempé. Je lis aussi beaucoup de Dick Tracy, les anciens comics. J’ai tendance à préférer le dessin à la peinture aujourd’hui. Je préfère presque toujours les dessins aux peintures d’un même artiste. Gars & Gus est donc plus proche de la ligne claire que CHRZ.
LP : Vous avez écrit des scripts pour Donald Duck, le premier a été refusé parce que l’on vous demandait de « montrer et raconter », alors que vous préfériez « montrer sans raconter ». Humour et narration se passent de texte chez vous…
SVD : Je ne pense pas être très littéraire. J’aime utiliser du texte, de plus en plus, mais les images sont plus importantes pour moi. Les premiers scripts que j’ai écrits étaient intégralement muets. Je venais de finir CHRZ, qui est muet, c’était ce que j’avais envie de faire à ce moment-là. Eux disaient que Donald Duck aux Pays-Bas devait ressembler à une pièce radiophonique. Je me disais « une pièce radiophonique ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » Maintenant je comprends mieux, ce sont des bandes dessinées pour enfant, elles doivent être faciles à lire. Elles sont faites pour qu’on puisse les comprendre à l’aide du texte seulement, sans avoir recours aux images. Je trouvais intéressant de voir si j’arrivais à ce résultat.
LP : Vous avez créé la revue Eiland avec Tobias Schalken, qui nous a donné sa version sur la création de la revue. J’aimerais avoir la vôtre. Que vous a apporté cette revue ?
SVD : Dire ce qu’elle m’a apporté est difficile. Comme l’a dit Tobias, nous travaillions dans la même boutique de bandes dessinées. Nous collaborions tout le temps sur des dessins et échangions beaucoup sur la bande dessinée, donc nos développements artistiques se sont faits en parallèle. Nous sommes aussi allés à l’école d’art ensemble, nous avons beaucoup collaboré.
Ce que nous essayons sans doute tous les deux de faire est de trouver de nouvelles formes de narration. Nous sommes toujours curieux de raconter des histoires de différentes manières, et de voir le résultat. Nous aimons être curieux de notre propre travail, voir ce qui s’y passe.
LP : Comment en êtes-vous venus à publier chez Frémok ?
SVD : Nous nous sommes rencontrés un peu par accident. Frémok avait une grosse exposition au festival Stripdagen à Haarlem, aux Pays-Bas. Nous venions juste de publier Eiland 2, et nous étions interviewés pour la radio néerlandaise, en même temps qu’Yvan Alagbé. Nous étions encore jeunes, très joueurs, et Yvan semblait plus vieux, il m’impressionnait ! La première collaboration a été CHRZ, publiée par Frémok et par Bries. Je crois que c’est de Bries qu’est venue l’idée de faire une édition commune, comme c’est le cas maintenant avec Oogachtend pour Gars & Gus.
LP : Travaillez-vous sur de nouveaux projets ?
SVD : Je travaille toujours avec Gars et Gus, pour une nouvelle bande dessinée. Je pense que je vais continuer, je n’en ai pas fini avec eux ! Mais cela me prendra probablement du temps de faire un deuxième livre.
LP : Réalisez-vous encore des animations ? Que peut-on voir de vos animations ?
SVD : J’ai fait beaucoup d’animations avec flash, également quelques animations courtes, mais j’en fais moins maintenant car je suis surtout intéressé par la bande dessinée et le dessin. C’est peut-être comme pour les couleurs, je peux en utiliser beaucoup mais je ne sais pas exactement quoi penser du résultat. Je m’en tiens à ce qui m’intéresse le plus. J’ai fait des animations interactives que l’on peut voir sur mon site. Je n’en suis pas tout à fait certain, mais je crois que je vais m’en tenir à la bande dessinée.