40 pages — 24 × 26,5 cm
saltotypie — couverture souple
avec jaquette — collection Récits de ville, #4
ISBN 2-930204-33-8
Frédéric Coché, sur Hortus Sanitatis
La deuxième case de Hortus Sanitatis représente un projecteur de diapositives, ce qui signifie encore une autre technique de récit par les images. C’est plus moderne, non ?
Oui et en même temps, c’est ancien par rapport au cinéma. D’ailleurs, j’ai dessiné un vieux projecteur et non un récent. Le fait de faire de la gravure est aussi une référence continue à la tradition, à un passé. Faire de la gravure aujourd’hui apparaît comme un peu désuet.
En deux mots, en quoi consiste votre technique ?
L’eau-forte est une technique très traditionnelle en gravure. On travaille sur des plaques de métal protégées par du vernis. On gratte le vernis. En les plongeant dans l’acide, le vernis va protéger toute la plaque sauf là où on a gravé. L’acide creuse des sillons qui sont ensuite remplis d’encre. On peut imprimer enfin en reportant les dessins. Cette technique permet d’avoir des dessins extrêmement fins puisque l’on peut gratter le vernis avec une aiguille. Les traits peuvent aller d’un gris très subtil à un noir extrêmement fort selon le temps de « morsure », d’immersion dans l’acide. A mon avis, c’est la technique qui permet le plus finesse dans le dessin.
Cette technique, exclut-elle la couleur ?
On peut travailler en couleur mais ça devient tout de suite beaucoup plus laborieux. Cet aspect d’ailleurs ne m’intéresse pas pour l’instant, ce n’est pas ce qu’il y a de plus primordial pour faire des récits. Je préfère me contenter du dessin et poursuivre à côté un travail de peintre, d’ailleurs un peu ralenti pour l’instant. Ce travail-là fonctionne aussi un peu de la même manière que mon dessin, par ellipses et par citations. C’est très difficile de parler de cela.
Votre livre, Hortus Sanitatis, est lui-même peu loquace si je puis dire. Dans ce sens de la mutité, on peut peut-être vous rapprocher formellement, à l’intérieur de Fréon, de Vincent Fortemps, non ?
Oui, il y a cette absence de texte, le même souci de tronquer le récit, ou de faire croire à son existence alors qu’il n’y a pas vraiment de récit. C’est le souci de tous les auteurs chez Fréon, de bousculer ce que l’on peut entendre par récit.
A propos de technique toujours, vous travaillez beaucoup sur l’ellipse : entre les cases bien entendu mais aussi à l’intérieur des dessins. Pourquoi retirez-vous des éléments de cette façon ?
J’essaye toujours de laisser le plus de place possible pour que l’œil du lecteur remplisse et que lui-même se projette autant entre les cases que dans le dessin.
On le constate effectivement dans vos récits publiés dans Frigobox#9 et #10, et à présent dans Hortus Sanitatis. Mais quelle logique faut-il suivre entre ces trois histoires ?
Une logique de maltraiter la narration trop linéaire. Dans le récit paru dans Frigobox#9, il n’y a pas d’histoire ; c’est juste un type qui est mort dès le début et on s’interroge sur son immobilité et sur d’autres éléments. Dans le récit suivant, La Mort du Roi que nous avons déjà évoqué, c’est plus radical ; il n’y a plus de lien direct entre les cases. Il faut reconstruire l’histoire à partir des titres, des lieux, des personnages.