Voilà des années qu’on l’attendait. Jusqu’à présent, Frédéric Coché travaillait essentiellement ses deux techniques de prédilection par alternance : de petites gravures pour les livres, de grandes peintures pour les expositions. Son nouveau livre, L’homme armée, mêle avec brio gravure et peinture pour nous offrir un récit épique hors du commun.
Tout commence sur un champ de bataille dominé par un homme-bête à la musculature impressionnante, sorte de Hulk Hogan dont la chair rose tranche sur les armures scintillantes des chevaliers moyenâgeux qui tentent en vain de le réduire à merci. Dès les premières pages, le ton est donné : la rencontre entre gravure et peinture permet à Frédéric Coché de construire un récit aux multiples références picturales, des comics aux peintures de la Renaissance. L’intrusion des super-héros dans un Moyen âge aux contours indéfinis, intemporels délicatement esquissés par le trait fin de la gravure voit les frontières du royaume, autant physiques que spirituelles et scientifiques, s’effondrer. Civilisation et bestialité, art et violence, mort et vie s’imbriquent ici comme autant de facettes permettant d’interroger l’ambiguité de la nature humaine, capable de produire à la fois des œuvres d’un raffinement extrême et les pires barbaries. Œuvre d’une grande virtuosité formelle, L’homme armée est de ces livres qui, au-delà de la beauté des images, des références artistiques qui constituent une histoire de l’Art toute personnelle, offrent une réflexion universelle sur notre condition humaine.