104 pages — 27 x 38 cm
impression noir et blanc + quadri
Reliure souple avec Jacquette américaine
I am the eye climax
BOUM! I’m the Eye Climax ou le carambolage graphique de deux créateurs hors-pistes. Pakito Bolino, figure de l’édition underground, créateur du Dernier Cri et Pascal Leyder aka Boujiki, artiste résidant de la "S" Grand Atelier, centre d’art pour handicapés mentaux. Un surprenant graphzine King Size (format A3) à la couv' noir foncé et jaune criant ! C’est l’accouchement au forceps de cette rencontre improbable et réussie où se croisent créatures dégoulinantes, typographies de séries Z et femmes à poil(s). Une oeuvre graphique spontanée rappelant les principes du cadavre exquis et du téléphone arabe réunis. Un 666ème degré bien palpable et une édition qui va ravir les amateurs de sensations graphiques et peut-être même réveiller les morts. BOUH!
Tout commence il y a une dizaine d’années à La Friche de Marseille, bastion de l’underground graphique où Pakito Bolino a planté depuis déjà plus de quinze ans le drapeau noir de sa « structure éditoriale associative indépendante polymorphe, mutante, protéiforme et intrusive ». Alors que leurs parcours respectifs ne les prédestinent pas vraiment à se croiser, Pascal aka Boujiki se retrouve parachuté, à l’occasion d’une collaboration de la "S" Grand Atelier avec Le Dernier Cri dans la capitale du Pastis. Pascal, jeune artiste trisomique, passe alors une très grande partie de son temps à dessiner frénétiquement tout en matant des films de De Funès et tout en se foutant pas mal de ce qui l’entoure. Pour Pakito, c’est tout de suite le coup de foudre graphique, et c’est réciproque. Les deux nouveaux compères se retrouvent complètement en dessinateurs compulsifs et stakhanovistes de la ligne crade. Le projet mûrit, Pakito et Boujiki se décident à collaborer sur une forme d’étrange et long ping pong, se retrouvant tous les ans et de plus en plus en phase, l’amitié naissant, pour bosser comme des dingues sur ce dialogue graphique. Pakito se nourrit sans cesse pour ces créations d’un gloubiboulga sidérant d’imageries violentes, sexuelles, monstrueuses, issues de tout ce qui lui tombe sous les yeux et ses mains pleines d’encre : sites de série X, films de série Z, bondage, obscurs comics de tous les continents : MANIAC, GEEK, DEATH KISS, TALES OF THE XXXPECTED, EXTRA, RAGE, THE LAST SEX ACTION, SAY IT WITH BLOOD, TRUE BORDERLINE, DISORDEAD, OUT OF THE CARNAGE, THE AGONY AND ECSTASY OF YOUNG LOVE, UTOPIA, SAVAGE, PRIEST-SS, EVIL, GORE WEIRD, SATAN SUCKERS, ROMANTIC BLOOD… autant de poésie réunie dans un corps en fusion. Il s’amuse alors à en composer de nombreux collages aussi dingues les uns que les autres qui vont être la genèse du projet I’m the Eye Climax. De ces collages qui font « saigner des yeux » pour reprendre le tendre vocabulaire de Pakito, un dialogue de sourds va se créer entre les deux artistes. Pakito et Boujiki foncent chacun de leur côté et têtes baissées dans une interprétation dessinée des collages originels. D’un côté, on découvre le dessin noir, nerveux et habile d’un Pakito nourri au Bazooka, davantage connu comme éditeur et sérigraphe ; et de l’autre l’impressionnant trait brut de Boujiki qui vient déconstruire au plus haut degré tout ce qu’il va absorber par les yeux. C’est alors que dans un dernier cri jubilatoire, Pakito va venir amalgamer en sérigraphie ces deux visions brutales et incroyablement puissantes.
L’édition de 100 pages en format A3 présente le travail dans toutes les étapes de son processus mais dans le désordre puisque c’est le leitmotiv de cette rencontre ! Une déconstruction à la fois spontanée et progressive d’une imagerie déjà digérée et surtout la révélation d’un combo magique entre art brut contemporain et graphisme punk underground.
Le réputé intraitable, farouche et provocateur Bolino joue une fois de plus le passeur de cultures et le briseur de barrières en mettant à l’honneur le talent désormais reconnu de Boujiki. Loin des discriminations positives, Knock Outsider révèle une fois de plus une oeuvre sincère, puissante et infiniment singulière. Un nouveau coup de pied dans l’art brut et dans une expression qui n’a rien à faire dans une boîte hermétique.